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Page:Noailles - Le Cœur innombrable, 1901.djvu/110

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L’APPEL

Pourquoi ne vient-il pas comme d’autres bergers
Suspendre à ma maison des branches d’hyacinthe ?
Nul avant lui n’aurait d’un caprice léger
Dénoué le ruban dont ma tunique est ceinte.

— Daphnis, si tu voulais, sur le chaud de midi
Tu m’aimerais tandis que tes chèvres vont paître,
Je rirais de plaisir sous ton baiser hardi
Et nous boirions ensemble à ma tasse de hêtre.

Regarde ! mes pieds nus sont comme deux pigeons
Posés légèrement au bord de mes sandales :
Mes bras luisants, polis et pareils à des joncs,
Ont la fine senteur des huiles végétales.

Vois mes agneaux laineux : de leurs belles toisons
Nous ferons une couche à nos baisers offerte ;
Nous compterons les mois à l’odeur des saisons,
Au parfum des fruits mûrs et des roses ouvertes.