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la conscience


L’essaim voluptueux des heures turbulentes
Venait, en bondissant, à moi comme un chevreuil ;
J’ai détourné mes yeux de leur foule galante
Et j’ai guéri pour vous mon âme violente
Du péché de colère et du péché d’orgueil.

Vous serez dans mon cœur comme une forteresse
Et je serai l’archer qui veille dans la tour,
Vous serez au pays profond de ma tendresse,
Entre les jardins verts de mes fines ivresses
La route de soleil sans ombre et sans détour.

Ô vous dont la pudeur est peureuse et fragile
Vous serez dans mon cœur belle comme un lac bleu,
Et vous verrez passer sur votre onde tranquille,
Pareils à des pigeons dont la blancheur défile,
Mes désirs obstinés, vaillants et scrupuleux…