Page:Noailles - Le Visage émerveillé, 1904.djvu/94

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» Je vous consacre les yeux de tous les visages, tous les regards, — les regards obliques, bombés, couchés, fuyants, — ceux qui descendent derrière les paupières comme le soleil du soir dans les vagues chantantes ; yeux vaincus comme un héros dont les épaules d’argent touchent terre, et yeux triomphants comme deux torches portées au bout de deux bras puissants.

» Je vous donne aussi toutes les violences, les crimes et les colères : les dagues teintes de sang, le flacon de jusquiame, le gant et la rose empoisonnés, le mouchoir qui perdit Desdémone, l’épée qu’Hippolyte laissa dans la main de Phèdre, et, en témoignage du temps de la chevalerie, ce cœur chaud de l’amant qu’on fit manger à l’amante.