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LES PLAISIRS PAIENS



Je rêve d’un couvent ombragé d’un cédrat,
Petite villa chaude et peinte,
Sur le bord azuré des mers de Marmara,
Ou dans le golfe de Corinthe ;

Un couvent langoureux, bourdonnant, délicat,
Clair comme une aubépine frêle,
Où dans l’aube on peut voir passer Nausicaa,
Baisant sa blanche tourterelle.

L’anémone, le thym, la menthe, le lis brun
Fleurissant les mauves collines,
Abaisseront sur nous leur amoureux parfum,
A l’heure où la brise s’incline.

Comme un insecte ardent dirige vers l’azur
Ses fines et chaudes antennes,
Nos mains jointes iront bénir dans le ciel pur
Les dieux qui règnent sur Athènes.