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LE JARDIN-QUI-SÉDUIT-LE-CŒUR


Je l’ai lu dans un livre odorant, tendre et triste,
Dont je sors pleine de langueur,
Et maintenant je sais qu’on le voit, qu’il existe,
Le Jardin-qui-séduit-le-cœur !

Il s’étend vers Chirâz, au bas de la montagne
Qui porte le nom de Sâdi.
Mon âme, se peut-il que mon corps t’accompagne
Et vole vers ce paradis ?

Là, des adolescents qu’un bel azur contente
Passent leurs lumineux instants,
Et mangent du cerfeuil trempé dans l’eau courante,
Quand la neige fond au printemps.

L’éperdu rossignol, d’avril jusqu’en septembre,
Exerce un flexible gosier ;
La tulipe fleurit, l’air a l’odeur de l’ambre,
La brise évente le rosier.