Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’AURORE


Je vous ai regardé ce matin, soleil jaune,
Si longtemps que mon cœur en fut tout aveuglé.
Vous étiez un enfant debout sur mille trônes,
Petit soleil, avec vos couronnes de blé !

Sur un pin d’Italie, entre deux branches vertes,
Votre visage d’or luisait, ivre et divin,
Et moi je vous disais, tenant mes mains ouvertes
Est-ce vous, mon amour, qui venez sur ce pin ?

Vous, prince de l’espace, essence, de tout être,
Vous venez dans cet arbre, auprès de ma maison,
Vous buvez le cristal étroit de ma fenêtre,
Bouche de la Nature, haleine des Saisons !

Et je puis regarder ta douce forme en face,
Je puis dire Voici tes lèvres et tes yeux,
Voici le front charmant qu’un laurier rose enlace,
Amant de Danaé ! Visage de mes dieux !