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LES PRETRESSES DES PANATHÉNÉES


Vous êtes moins des corps que des ruisseaux de miel,
Que des gerbes de seigle tendre,
Que des jasmins dorés, que des pentes du ciel
Où la lumière vient s’étendre.

Ni la Vierge Marie, assise auprès d’un lis
Et jouant avec de doux gestes,
Ni le rire enfantin et grave de son fils,
N’ont votre pureté céleste.

Dans le triste Musée où pâlissent vos jours,
Promeneuses du ciel attique,
Regrettez-vous les secs et limpides contours
Des collines et du Portique ?

Songez-vous aux bergers assis au bord de l’eau,
Au potier près d’un toit qui fume,
A la brebis laineuse allaitant un agneau,
A la mer, fileuse d’écume…

Vous ne reverrez pas votre coteau natal ;
Jamais un peuple au son des flûtes
Ne vous ramènera, cortège triomphal,
Sur la noble terre où vous fûtes.

Ah ! du moins, demeurez chez les Francs aux beaux yeux,
Près de la Seine sinueuse,
Où la clarté de l’air, où la douceur des cieux
Rappellent votre rive heureuse.