Je me penche à votre fenêtre,
Le soir descend sur Chambéry ;
C’est là que vous avez souri
A votre maîtresse champêtre.
Vos pieds couraient sur le carreau
Et vous traversiez la chapelle
Quand votre mère sensuelle
S’éveillait entre ses rideaux.
Des cloches tintent, le jour baisse,
Voyez, je rêve, je me tais…
C’est sur ce lit que tu jetais
Ton cœur qui crevait de tristesse !
Voyez avec quel front pâli,
Dans cette émouvante soirée,
Je suis – l’âme grave et serrée –
Venue auprès de votre lit.
Recueillie et silencieuse,
Les deux mains sur votre oreiller,
Les bras ouverts et repliés
Je fus votre sœur amoureuse.
Je presse votre ombre sur moi,
Que m’importe ces cent années !
Vous viviez ici vos journées
A la même heure de ce mois ;