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LE VALLON DE LAMARTINE


C’est de la joie et de la joie.
L’arbre s’étend, le ciel se noie
Dans son calice bienheureux.
Ce bonheur vert ! Ce bonheur bleu !
Soupirs de la terre enivrée.
Toute la plaine est affairée,
Quel effort, quel élan, quel jeu !
Des ailes de guêpes en feu
Viennent et vont, vives, légères,
C’est une ivresse ménagère ;
Que de combats pressés, stridents,
II semble que de fines dents
Mordent tout le luisant herbage ;
Quelle ardeur, quel feu, quelle rage !
C’est un chant si vibrant, si long,
C’est comme un brûlant violon
Où le soleil appuie et ploie
Son bel archet de jaune soie.