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LE VALLON DE LAMARTINE

J’ai su que tout désir, tout amour, toute flamme,
S’élançait de mon âme et rentrait dans mon âme,
Que mes dieux sont en moi, qu’ils mourront avec moi,
Qu’un jour mon chaud regard et mon divin émoi
Ne seront que poussière éparse, que poussière !
Hélas ! douleur d’aller s’effaçant tout entière !
Désir de n’être pas de la cendre au tombeau,
De voir encor le jour et le matin si beau,
D’errer dans l’étendue heureuse et sensuelle,
De boire à son calice et de s’enivrer d’elle !…
Ah ! comme tout bonheur soudain semble terni
Pour un cœur sans espoir qui conçoit l’infini…