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LA VILLE DE STENDHAL


Sur les ruelles populeuses
Des globes de lueurs laiteuses
Sont des phalènes nébuleux
Qui font les pavés mous et bleus.

Des bruits troublent l’ombre émouvante,
On entend parler des servantes.
Sous les platanes de l’hôtel
Je pense à vous, Julien Sorel…

Les maisons ferment une à une,
L’Isère tremble sous la lune.
Étiez-vous beau, rude ou charmant ?
On vous aimait si fortement !

Vous saviez ce qu’il faut d’offense,
D’ardeur, de défi, de souffrance,
D’orgueil, de pleurs, d’humilité
Aux plaisirs de la volupté.

Venez, j’attends votre visite
Dans cette rue aux Vieux-Jésuites
Où Beyle, étant petit garçon,
S’ébattait devant sa maison.

Comme l’espace est calme et sage,
La montagne de Sassenage
Laisse couler dans le soir frais
L’odeur du ciel et des forêts.