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INCENDIE DE L’ÉTÉ


C’est elle, immense, humble, petite,
Plus fière que les Pharaons
Qui vient bleuir la clématite
Et dorer le cœur des citrons,

C’est elle qui, dans les calices,
Imitant les pesants frelons,
Volette avec un bruit d’hélices,
D’étincelles et de grêlons,

C’est par elle que sur la tige
Sur la pelouse et le rameau,
Un jet d’arrosage voltige
Charmant danseur aux gestes d’eau !

Jeunesse, ô ma chère jeunesse,
Mon sang, ma respiration,
Ma véhémence, ma paresse,
Ô mon unique passion,

Jeunesse, tempête, cantate,
Calme, sommeil, délassement,
Toi par qui le cœur se dilate
Jusqu’à l’évanouissement,

Ne permets pas que je dépasse
Les jours que tes doigts m’ont comptés,
Mais jetant mon corps dans l’espace
Quand finiront mes beaux étés,