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LA PREMIÈRE AUBÉPINE


Et vous avez l’air bon, simple, calme, ingénu,
Attirant les abeilles ;
On ne peut soupçonner qu’un calice ténu
Ait des forces pareilles.

Se peut-il, chère fleur, que vous vous complaisiez
À ce jeu qui transperce ?
Que n’ai-je sur mon cœur un bouclier d’osier ;
Comme un soldat de Perse !

Inépuisable odeur, qui nous lie et nous tient
Jusqu’à ce qu’on se pâme,
Il n’est pas de plus doux et de pire entretien
Que d’écouter votre âme.

Ah les dieux soient loués ! Vous allez défleurir,
Car les jours se dépêchent…
Mais l’Amour a déjà, de vos mortels soupirs,
Enduit ses dures flèches !