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LES MAINS


Et vous serez un jour, mes douces mains, mes doigts,
Glacés comme la blanche opale,
Comme un morceau d’hiver qui meurt au fond des bois,
Et comme deux petites dalles.

Vous ne tiendrez plus rien, vous en qui le soleil
Se glissait et se plaisait d’être ;
Vous qui jouiez avec l’aube et l’été vermeil
Sur le devant de la fenêtre.

Vous qui vous ouvriez comme un bourgeon étroit
Que l’été gonfle, écarte, écrase ;
Qui fûtes pleines d’âme et d’orgueil, et parfois
Pleines de petites extases.

– Mes mains qui balancez l’azur, l’espoir, l’effort
Comme des bourdons bleus qui sonnent,
Et qui servez aussi la Gloire aux lèvres d’or,
La douce immortelle personne…