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LE CONSEIL

Vous qui riiez avec de si brûlantes lèvres
Sous les midis d’été,
Que vous ressembliez à quelque ardente chèvre
Mordant la volupté !

Âme pleine d’amour, vivez votre jeunesse,
On est morte si tôt,
On meurt dès qu’on n’a plus ce qu’il faut de caresse
À l’orgueil triste et beau.

On meurt dès que le rêve, ô promesse divine !
N’est plus tendre et vermeil,
Comme la rose en feu, comme les mers de Chine
Où traîne du soleil ;

Quand l’avenir n’est plus un jardin qui s’avance
Plein de douces odeurs,
Et que le jeune rire et la dansante chance
S’éloignent de nos cœurs.

— Quel mal vous nous ferez, ô futures journées !
Que de larmes de sang !
Ô regrets éperdus ! ô douleur d’être née !
Ô tombeau complaisant !