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LA TORTURE


Vaporeuse douceur de l’air tremblant et pur,
Paysage d’été luisant sous ma fenêtre,
Miel du soleil épars sur les coteaux d’azur,
Allégresse du jour léger qui vient de naître,

Ramiers que l’odorant matin stupéfia,
Expansion sans fin du parfum de la rose,
Fontaine verte et d’or du jaune acacia,
Pourquoi nous dites-vous toujours la même chose ?

Vous dites : « Les splendeurs du matin clair sont là
Pour que le jeune Adam et l’Ève langoureuse
Reviennent habiter sous les larges lilas,
Près de la source sourde, au fond de l’herbe creuse,

« Les paysages sont de limpides maisons,
Des tentures où l’arbre a des gestes de danse,
Des tapis étendus où les douces saisons
Tournent sur une soie épaisse verte et dense.