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NOCTURNE


Je rêvais sous l’arceau de la nuit claire et lisse
La Mort m’a pris le bras,
Elle m’a dit : Tu bois la vie et ses délices,
Et pourtant tu mourras,

Un étrange, effrayant et douloureux mystère
Gèlera tout ton sang…
Ah ! le bruit aplati et lourd que fait la terre
Quand un corps y descend.

On te laissera là ; peut-être la nuit même
De cet enterrement,
Sur toi qui fus si douce et d’une ardeur extrême,
Il pleuvra froidement,

Tu dormiras d’un long, épouvantable somme,
Qu’aucun songe n’émeut,
Tes yeux qui se couchaient dans le regard des hommes,
Seront seuls tous les deux.