Tous ceux qui recherchant d’ineffables conquêtes
Hélaient des royaumes sans bords,
Et qui joyeux, montant dans votre char, Tempête,
Mettaient des ailes à leurs corps !
Tous les plus enivrés, tous les plus fous d’eux-mêmes
Avec mes yeux se sont croisés.
Je crois les voir, au fond des jours d’été suprêmes,
Où l’azur semble pavoisé !
D’un mouvement puissant, naturel, frénétique,
Je marche les regards levés,
Pour suivre dans les flots de la nue héroïque
La trace de leurs pieds ailés.
Ah ! quel tumulte ardent, quelle immense nouvelle,
Quel suave frémissement,
Quand soudain l’un de vous à mon cœur se révèle
Et me parle plus fortement !
Dans la vie où je vais l’âme toujours pâmée,
Le cœur enivré, sombre et doux,
Je n’ai d’autre besogne, intrépide, enflammée,
Que d’être amoureuse de vous !
Vous êtes mes vaisseaux, mes rives, mes grands arbres,
Mon soleil, mon ardent matin,
Qu’ai-je besoin d’amis, j’ai les hommes de marbre
Qui se penchent sur mon destin ?