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JOUR D’ÉTÉ

S’agite dans mon cœur comme un flot triomphant,
Comme des rameaux clairs portés par des enfants !
Les coteaux, dans le ciel léger, s’évanouissent
À force de chaleur, de vapeur, de délices.
Une exaltation soulève l’Univers,
Les cieux, tranchants et vifs, pénètrent les bois verts
Le mol pétunia, l’œillet, les chèvrefeuilles
Donnent leur goût divin aux brises qu’ils recueillent.
Luxurieuse ardeur du languissant été !
Les monts d’argent sont des soupirs de volupté,
Tout mon cœur vaporeux d’entre mes bras s’envole,
Je ris, je tends les mains, je baise l’herbe molle,
Et là-has, dans l’azur, un train s’est enfoncé
Avec son cri de joie et ses sanglots pressés,
Tandis que, détaché d’une invisible fronde,
Un doux oiseau jaillit jusqu’au sommet du monde !…