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UN BOSQUET D’ORANGERS


Un bosquet d’orangers sur le bord de la mer !
On croit qu’on se souvient du parfum tendre, amer
Qui vient de la divine et blanche fleur de cire
Mais si soudain l’on voit, l’on goûte, l’on respire
Cette déraisonnable, infatigable fleur
Qui, du fond de sa frêle et timide p&Ieur,
Répand la plus parfaite odeur qui soit au monde,
Le cœur se meurt d’extase et d’ivresse profonde !
Ainsi, des bords de l’Oise au cœur de l’Archipel,
Au travers des brouillards, des soleils et du sel,
Depuis les premiers jours du temps et de l’histoire,
Elle emplit l’univers d’une odorante gloire !
Parfum, dont l’étendue a des élans soudains,
Il n’est pas de domaine aimable, de jardins,
En Hollande aussi bien qu’en la douce Étrurie
Qui, pour l’amour de vous n’aient son orangerie !
Des bergers soupiraient sous ce feuillage obscur,
Ténèbres dont le dôme a des fentes d’azur ;