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Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/15

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Je sais que des soldats, du haut des promontoires,
Chantant des vers sacrés et saluant le sort,
Se jetaient en riant aux gouffres de la mort
Pour retomber, vivants dans la sublime Histoire !

Ainsi ma nuit passait. L’ache, l’anet crépu
Répandaient leurs senteurs. Je regardais la rade ;
La paix régnait partout où courut Alcibiade,
Mais, — noble obsession des âges révolus, —
L’éther semblait empli de ce qui n’était plus…

J’entendis sonner l’heure au noir couvent des Carmes.
L’espace regorgeait d’un parfum d’orangers.
J’écoutais dans les airs un vague appel aux armes…
Et le pouvoir des nuits se mit à propager
L’amoureuse espérance et ses divins danger :

Ô désir du désir, du hasard et des larmes !