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  LES NUITS DE BADEN



Dans le pays de Bade, où les soirs sont si lourds,
Où les noires forêts font glisser vers la ville,
Comme un acide fleuve, invisible et tranquille,
L’amère exhalaison du végétal amour,

Que de fois j’ai rêvé sur la terrasse, inerte,
Écoutant les volets s’ouvrir sur la fraîcheur,
Dans ces secrets instants où les fleurs se concertent
Pour donner à la nuit sa surprenante odeur…

Des voitures passaient, calèches romantiques,
Où l’on voyait deux fronts s’unir pour contempler
Le coup de dés divin des astres assemblés
Dans l’espace alangui, distrait et fatidique.