Aller au contenu

Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 27 —

La voix qui dit que Pan est mort
M’a-t-elle jusqu’ici suivie ?

Et puis l’air retombe ; la mer
Frappe la rive comme un socle ;
Tout dort. Un fanal rouge et vert
S’allume au vieux port Empédocle.

L’ombre vient, par calmes remous ;
Dans l’éther pur et pathétique
Les astres installent d’un coup
Leur brasillante arithmétique !

Soudain, sous mon balcon branlant,
J’entends des moissonneurs, des filles
Défricher un champ de blé blanc,
Qui gicle au contact des faucilles ;

Et leur fièvre, leur sèche ardeur,
Leur clameur nocturne et païenne
Imitent, dans l’air plein d’odeurs,
Le cri des nuits éleusiennes !

Un pâtre, sur un lourd mulet,
Monte la côte tortueuse ;
Sa chanson lascive accolait
La noble nuit silencieuse ;

Dans les lis, lourds de pollen brun,
Le bêlement mélancolique