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Page:Noailles - Les climats, 1924.djvu/87

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Midi sonne au clocher de la tour sarrasine.
Un calme épanoui pèse sur les collines ;
Les palmes des jardins font insensiblement
Un geste de furtif et doux assentiment.
Le vent a rejeté ses claires arbalètes
Sur la montagne, entre la neige et les violettes !
Les rumeurs des hameaux ont le charme brouillé
D’une vague, glissante sur de blancs escaliers…
Ô calme fixité, que ceint un clair rivage,
L’Amour rayonne au centre indéfini des âges !
Un noir cyprès, creusé par la foudre et le vent,
Ondulant dans l’air tiède, officiant, rêvant,
Semble, par sa débile et céleste prière,
Un prophète expirant, entr’ouvert de lumière !
Aérienne idylle, enrôlement d’airain,
La cloche au chant naïf du couvent franciscain
Répond au tendre appel de la cloche des Carmes.
L’olivier, argenté comme un torrent de larmes,
Imite, en se courbant sous les placides cieux,
L’humble adoration des cœurs minutieux…
Quel vœu déposerai-je en vos mains éternelles,
Sainte antiquité grecque, ô Moires maternelles ?
Déjà bien des printemps se sont ouverts pour moi.
Au pilier résineux de chacun de leurs mois
J’ai souffert ce martyre enivrant et terrible,
Près de qui le bonheur n’est qu’un ennui paisible…
Je ne verrai plus rien que je n’aie déjà vu.
Je meurs à la fontaine où mon désir a bu :