Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/19

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de chardonnerets, elle connaîtrait la quiétude, la gorgée d’eau fraîche dans le désert de son désir et de son obsession !

Sachons constater avec justesse : oui, les femmes ont, par leurs courts cheveux, détruit la diversité, elles nous imposent une vision répétée de nuques semblables, qui font songer à ces fruits en espalier que la chaleur des serres développe également, mais il est certain que notre époque est favorable à leur aspect de permanente jeunesse. On ne voit plus de femmes vieilles. Une sorte de confiance, de gaîté intérieure est épandue en elles et vient fleurir à leur surface. Cheveux taillés, cheveux colorés, robes alertes, chapeaux désinvoltes communiquent aux gestes, au cœur même, l’heureuse vigueur. L’âme reflète l’apparence. Les femmes ont l’âge de leur habillement. Et l’on ne remarque pas que le rose comme chuchotant de l’aurore, les bleus méditatifs des soirs d’été, l’acide et savoureux printemps soient tissés dans les robes des jeunes filles plus que dans celles de leurs mères,