Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/40

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l’arome abondant de la truffe : étrange démon de la terre, charbon lisse et dense, qui ravit la gourmandise, en ne lui offrant pourtant qu’un dur caoutchouc finement laudanisé !

Et le festin se poursuit, et la silencieuse critique aussi. Un blâme muet envahit soudain la moraliste, émane de ses prunelles durement attentives, et comme assénées sur deux ménages distribués autour de la table aux nombreux convives. D’où viennent-ils, ces couples ostensiblement heureux, un peu disparates, lui trop jeune, elle étincelante et rajeunie, et sur qui se porte, de ci, de là, une curiosité élogieuse et attendrie ? L’un arrive d’Égypte, l’autre de Capri. Ils ont achevé, ces deux couples, leur voyage de noce, ce voyage de noce tardif qui est en honneur à présent, et qui consacre le bonheur, jadis secret, d’un amour sans fraîcheur, et la réussite féminine d’une longue patience. — Que Phèdre aime Hippolyte et, plus encore, pour franchir des espaces infinis, que Mme  du Deffand, lisse et glacée