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Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/48

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nente, qui est l’humble et ruisselant collier de l’automne aux bras dénudés.

Que tout est calme, désarmé ! Les feuilles ternies tombent de l’arbre, expulsées, semble-t-il, par un soupir de lassitude. Au bord du lac, dans ce jardin qui fut pompeux et qui semble, en cette saison, converti en un monastère bocager, une blanche statue de Diane est debout, arrogante sur son socle de marbre étincelant, mais autour d’elle tout se tait ; elle voile son sein de marbre, qui semble, par le silence de ces lieux, offensé. Inutile déesse, vaniteuse de sa beauté, de son entrain, rien ici ne la vante plus ni ne l’honore. Mélancolie de l’orgueil sans esclaves : les oiseaux, les abeilles, les parfums sont muets…

Mais, dans le fertile verger, l’allégresse subsiste encore. De petites pommes, rouges et vertes, satinées, vernies, et, par leur éclat, riantes, reluisent comme un bouquet de robustes œillets. Sur le fin gravier du jardin, des châtaignes, à demi hors de leurs cosses, fières de leur vif acajou et salubres comme