Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/73

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leur front comme les lucioles dans la prairie du soir. Humbles lampes naturelles, elles prenaient leur place parmi ce qui brille et médite, entre les phalènes et les astres.

Hormis la candide beauté du monde, que tout est soudain triste ici ! Je me retire, je m’assieds sur le coin d’un banc demeuré là. Je rêve à ce que fut la vie. J’ai voulu toutes choses ici-bas et, si je songe, je m’aperçois que je n’ai rien voulu qui ne fût le ciel. Et lequel d’entre nous, parmi les humains enflammés d’une digne et douloureuse ambition, a cherché quelque chose d’absolu, de profond, de durable qui ne soit pas le ciel ? Le ciel, non point comme l’entendaient ces simples femmes en prière, ni comme l’entendent les croyants et les prêtres, mais ce ciel qui est le rêve et l’infini, qui a pénétré le désir des hommes, qui les sollicite par l’orgueil, la passion, le courage, la pitié, le besoin d’éternité et le spectacle de la mort ; ce ciel qui ne nous laisse plus de repos en ce qui concerne la possession des trésors de la vie ! Je me reporte sans