Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/53

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les yeux éblouis de l’enfance, plus brillants que le vert thuya grêlé de soleil, vous étincelez toujours, et moi je passe, bientôt j’aurai passé ! Quand mon esprit est sans cesse transformé par les arabesques des événements, semblables à la course des nuages, je retrouve toujours pareille, active, satisfaite, honnête, la petite ville rêveuse de mon enfance. Je suis au milieu de ma vie qu’encore le couvent des Clarisses, bien qu’abandonné à présent, garde dans un matin de mai sa juvénile beauté.

Mêlant mes souvenirs à la pure matinée, je vais essayer de dépeindre sa joie rustique, sa blancheur de tubéreuse, ses lignes bien tendues, qui, contenant l’azur, le silence, la musique, de frémissantes prières et le sol vivace d’un jardin ordonné, me dispensaient tour à tour le calme captivant et l’allégresse dionysiaque.


De bonne heure, le dimanche matin, sous le soleil de juillet et d’août, nous nous hâtions vers la chapelle du couvent. La