Page:Noailles - Passions et vanités, 1926.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sainte Claire. Ah ! que ces statues innocentes, violentes, m’étaient chères ! Excès des visages religieux, ascension de l’âme, transports des regards, combien déjà vous me plaisiez ! Si, comme dit Gœthe, le meilleur de l’homme est l’émotion, le tremblement, avec quel respect ne devons-nous point considérer ces créatures frappées de la foudre, saisies et maintenues dans un état de commotion sacrée, et que revêt le déploiement dramatique des plus passionnées facultés de l’être ?

Ainsi, autour d’une humble église de petite ville, située au bord d’un rivage, la vie humaine se déroule. C’est, selon les saisons, l’odeur des foins, des vendanges, du bois scié, du laitage, du fumier même. Les pauvres travaux assidus des paysans, ou bien les amusements frivoles des voyageurs qui assaillent pendant les mois étincelants une petite cité aux belles fontaines, recouvrent de leur tristesse ou de leur joie légère les rues gracieuses et les campagnes. Mais qu’on approche de l’église, qu’on pousse la