Page:Noailles - Poème de l’amour, 1924.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


Quand ta voix engageante et tiède
Voudra reprendre le chemin
De mon cœur, qui te vint en aide
Avec la douceur de mes mains,

J’aurai cet aspect d’infortune
Qui surprend et fait hésiter ;
Tu pourras, sombre iniquité,
Croire enfin que tu m’importunes !

Comment me nuirait désormais
Ton fin et vivant paysage
Si mes yeux n’abordent jamais
Son délicat coloriage ?

Si jamais je ne me repais
De la nourriture irritante
Par quoi je détruisais ma paix ?
Si plus rien en toi ne me tente ?

— Et qu’étais-tu, toi que j’ai craint
Plus que toute mort et tout blâme,
Si ton charme succombe au frein
Du noble souci de mon âme ?