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CXX


L’orgueil est l’ennemi constant
De l’amour et de ses largesses ;
Fort comme la vie, il attend
Que l’on retourne à sa noblesse.

Il veille sur tout l’abandon,
Sur tout le divin esclavage ;
Il n’accorde pas son pardon
Au clair flamboiement des visages,

— Aux visages lavés de pleurs,
À ces larmes froides et rondes
Qui ne sont pas de la douleur,
Mais l’éblouissement du monde !

— Certes, il est dur de quitter
Cet orgueil prudent, fort et triste,
Qui, repoussant la volupté,
Fait croire à l’âme qu’elle existe ;