Page:Noailles - Poème de l’amour, 1924.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CLXV


En vain la peur d’un joug tendre et fatal
Vient m’adjurer d’être de toi guérie :
Un corps aimé est comme un lieu natal,
Un vif amour est comme une patrie !

Je ne veux plus occuper ma raison
À repousser ta permanente image.
J’attends ! — Parfois la plus chaude saison
Boit la fraîcheur du survenant orage.

— Mais quand ma vie au souhait insistant
Est par ta voix jusqu’aux veines mordue,
J’arrache un cri à mon cœur haletant,
Comme un poignard dont la lame est tordue…