Page:Noailles - Poème de l’amour, 1924.djvu/217

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« Puisqu’elle m’a tout dit, bien qu’étant grave et fière,
« Je pourrai demeurer simple et silencieux,
« Et faire un don naïf, à cette âme plénière,
« Des secrètes beautés qu’elle voit dans mes yeux.

« Je la devine bien, et je n’ai pas eu même
« À chercher quel était son épuisant souci :
« Sa voix m’a tristement annoncé qu’elle m’aime,
« Comme on dit que l’on meurt et que c’est bien ainsi !

« Jamais le cœur puissant qui pâlit son visage
« N’a tenté de goûter sur le mien son repos ;
« M’aimant, elle s’éloigne, et son front net et sage
« Renferme le courage isolé des héros !

« Puissante et délicate, usant de tendre ruse,
« Elle va sans faiblir vers un but périlleux ;
« Malgré son pas joyeux, jamais rien ne l’amuse
« Que le tragique espoir que l’on a d’être heureux ! »

— Non tu ne te dis pas : j’allégerai sa peine,
Je ne laisserai pas languir ce cœur de feu,
J’apporterai le lot de ma tendresse humaine
À ce doux corps surpris de ne pas être deux.