Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes limites sa longévité intellectuelle et morale ; c’est le déplorable instinct d’un égoïsme étroit, qui l’emprisonne dans la matière et qui la force à escompter son éternité au prix de quelques années stériles que le présent dévore aussi vite qu’il les donne. Il n’y auroit donc pas d’inconvénient bien sérieux maintenant à livrer aux âmes tendres et souffrantes ces trésors de consolation et d’espérance, qui les dédommageroient du malheur de vivre dans un temps mauvais et dans un monde imparfait. J’y ai même pensé quelquefois, et si j’ai tardé longtemps à le faire, c’est que j’imaginois que l’âge pourrait prêter un jour plus d’autorité à ma parole. L’idée d’ouvrir enfin ce monde ignoré, mais certain, à l’attention de mes lecteurs m’occupoit encore au moment où j’ai commencé à tracer ces dernières pages ; mais des considérations soudaines m’ont retenu…

— Et il me semble, tout réfléchi, que je ferai mieux d’y aller voir moi-même.