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M. DE LA METTRIE[1].



« Quoique le soleil touche à la fin de son cours, il n’est pas encore jour chez Nyctale ; gardez-vous de le réveiller. Son sommeil a probablement été retardé par les croassements d’un oiseau de mauvais augure ou par les hurlements d’un chien perdu. Les songes qui lui sont survenus depuis sortoient tous de la porte d’ivoire, et il attend encore ceux du matin, qui ne manquent jamais d’apporter d’utiles enseignements pour la conduite de la vie. N’espérez pas l’entraîner d’ailleurs dans quelque divertissement, car c’est aujourd’hui vendredi, un jour fâcheux, un jour contraire et néfaste, nigro notanda lapillo. Mais voilà Nyctale qui vous suit tout pensif, quoiqu’il ait chaussé son premier escarpin du pied gauche,

  1. On sait qu’il y a deux personnages de ce nom, l’un Jean-Claude de La Métherie, l’autre Julien-Offray de La Mettrie ; on les a confondus quelquefois, quoique leurs noms s’écrivent différemment. Le premier, Jean-Claude de La Métherie, physicien et naturaliste, est né à la Clayette, petite ville du Mâconnais, en 1743 ; il est mort en 1817. Le second, Julien-Offray de La Mettrie, médecin, littérateur et philosophe dans la mauvaise acception du mot, est né à Saint-Malo en 1709, et mort en 1751. C’est de lui dont il est question dans le morceau qu’on va lire.(Note de l’Éditeur.)