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Page:Nodier - Contes de la veillée, 1868.djvu/45

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triangle de fer pour couper des têtes ? — Allez, vous êtes des barbares !

Quant à vous, mes bons amis, rappelez-vous maintenant des histoires plus gracieuses, celles qui nous berçoient si mollement aux bassins du Doubs, dans nos nacelles chargées de fruits, de fleurs et de jeunes femmes, tandis que les rochers voisins nous rapportoient en longs échos le bruit des cornemuses. Ces histoires, je prendrois plaisir à les redire ou à les entendre aujourd’hui, car, je ne vous le cacherois pas, la parole a plus d’une fois manqué à mes lèvres, comme dit le poëte, pendant que je racontois celle-ci. — Mais nous vivons dans un temps de pensées sévères et de tristes prévisions, où les gens de bien peuvent avoir besoin, comme la noble populace du Morimont, de se coaliser d’avance contre le bourreau ; et si elle n’avoit pas tué le bourreau, ce qui est un crime aussi, je vous proposerois volontiers d’élever un monument à son courage.

Il ne faut tuer personne. Il ne faut pas tuer ceux qui tuent. Il ne faut pas tuer le bourreau ! Les lois d’homicide, il faut les tuer !…