Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/117

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Il est vrai qu’avec le plus grand nombre des auteurs en crédit, la gloire n’attendra probablement pas jusques-là pour résilier.

Nous voilà bien loin des Manuce, dont il faut que je parle un moment pourtant dans un article qui leur est consacré. Toutefois, comme l’excellent ouvrage de M. Renouard ne laissera rien à désirer sur les innombrables services que cette illustre famille a rendus aux lettres, je me contenterai d’en signaler quelques-uns qui lui donnent des droits incontestables à la reconnaissance publique.

Quand Alde Manuce l’ancien fonda son magnifique établissement à Venise, l’imprimerie n’employoit que deux caractères, celui que nous appelons gothique, et dont l’équivalent s’est conservé jusqu’à nos jours dans la typographie allemande ; celui que nous appelons romain, et qui a prévalu depuis long-temps chez tous les peuples avec lesquels l’alphabet latin nous est commun dans l’usage.

Le vieux Manuce adopta la lettre désignée depuis sous le nom d’aldine ou d’italique, dont la forme cursive et coulante se rapprochoit davantage de l’écriture ordinaire des beaux manuscrits italiens, et qui est restée le plus parfait modèle connu de la nôtre. Si l’on considère que l’exacte analogie de cette lettre imprimée avec la lettre écrite, faisoit disparoître toutes les difficultés que dût présenter d’abord la lecture des livres, et qu’elle retrancha par exemple du temps donné aux travaux scholaires tout celui que nos enfants perdent encore à étudier de nouveau les configurations du signe dans les textes écrits après les avoir péniblement apprises dans les textes imprimés, on comprendra sans peine l’influence de cette heureuse innovation sur les études classiques. C’est peut-être là qu’il faut chercher en partie l’explication de leur popularité subite et de leurs merveilleux progrès dans les républiques italiennes, au commencement du seizième siècle.

Au format des premières productions de l’art typo-