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DES SATIRES
PUBLIÉES À L’OCCASION
DU PREMIER DICTIONNAIRE
DE L’ACADÉMIE.
[PAR M. CH. NODIER.]


Il n’y a rien de plus facile à critiquer qu’un Dictionnaire, et la raison en est toute simple. Un Dictionnaire sans défauts devroit contenir la meilleure collection possible de tous les faits d’une langue, tous ses mots, toutes ses locutions, toutes les définitions qui les précisent, tous les exemples qui les éclaircissent ; et non-seulement il n’est point d’homme en particulier, mais il n’est point d’association d’hommes, aussi nombreuse et aussi choisie qu’on la suppose, qui puisse posséder tous les mots sans exception, et appliquer toutes les définitions sans erreur. Il y a une vingtaine d’années que cinq cents hommes d’état réunis ad hoc, discutèrent pendant trois séances sur la valeur propre des deux infinitifs les plus distincts en acception de toute la langue (c’étoit, je crois, prévenir et réprimer), et qu’ils se séparèrent sans s’entendre. À la quatrième, et surtout à la centième, ils se seroient encore un peu moins entendus. Le génie et le savoir de tous les temps accomplis s’exerceroient sur un pareil ouvrage pendant tous les temps qui s’accompliront d’ici à la fin des siècles, qu’il y resteroit quelque