Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/159

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porte le nom du même lieu et du même imprimeur ; mais mon édition, qui est d’ailleurs fort incorrecte, me paroît sortie des plus mauvaises presses de Rouen. Il a pour objet la sentence de la police du Châtelet, rendue le 24 décembre 1686, qui supprimoit les Factums précédents comme injurieux et diffamatoires. C’est, selon toute apparence, le dernier des écrits de Furetière, mort en 1688 ; mais c’est certainement le plus vif et le plus piquant. Il y a adopté, comme Boileau, la figure mordante de la palinodie, pour faire à ses adversaires une réparation plus insultante que l’offense, et on ne peut le lire sans réfléchir avec étonnement sur la destinée des auteurs, qui n’a pas permis que cette bluette ingénieuse restât comptée parmi les modèles de la satire en prose. Je ne crains pas de la citer, quant à moi, comme un exemple de fine polémique et comme un trésor de saillies. La page seule qui concerne La Fontaine est plate et grossière, parce qu’elle a été inspirée sans doute par une colère injuste et honteuse. Hélas ! Furetière étoit fabuliste aussi, et la vieille observation d’Hésiode sur les antipathies de métier n’a jamais cessé d’être vraie. Le reste est charmant, et l’on ne sauroit peut-être pas combien Furetière était digne d’entrer dans l’Académie, par son talent d’écrivain, s’il n’en avoit été chassé. Beaumarchais n’est pas meilleur dans ses Mémoires un peu trop vantés. Rien ne prouve mieux l’immense ascendant littéraire de l’Académie, que le dédain absolu dans lequel les Factums de Furetière sont tombés. On avoit plus beau jeu à attaquer les jésuites et le parlement, la cour et la monarchie, dont l’influence n’a jamais, quoi qu’on en dise, dépopularisé un homme d’esprit.

Dès le commencement du procès de Furetière, il ne parut pas un libelle anonyme contre l’Académie, qui ne lui fût attribué. C’est l’usage invariable en France, que de