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numens sont accompagnés des notes curieuses de l’éditeur ; 5o enfin, le travail inédit de Du Cange sur les familles normandes. M. Champollion n’a pas publié le manuscrit dans son intégrité ; il a dû se borner, comme il nous en avertit, à l’histoire des générations mentionnées dans les textes historiques qui faisaient le grand objet de son édition. Maintenant, avant de finir, je reviendrai sur les prolégomènes de l’éditeur ; c’est la partie la plus remarquable, sans contredit, de son travail.

Ils sont divisés en douze paragraphes. Dans le premier, M. Champollion décrit avec une élégante exactitude le manuscrit et les différens morceaux de traduction romane qu’il renferme. Dans la première page est « le proheme de la translation, lequel a fait faire le seignor conte de Militrée. » Contre les habitudes du traducteur, ce nom de comte de Militrée, deux fois répété, est deux fois écrit de la même manière. Quel était néanmoins cette ville de Militrée ? L’éditeur y reconnaît Mileto, cité de la Calabre ultérieure. Les raisons données à l’appui de ce sentiment paraissent sans doute plausibles ; cependant, comment se fait-il que le traducteur, ayant eu souvent à parler dans la suite de son travail de la ville de Mileto, ne l’ait jamais nommée que Melito ? Un serviteur du comte de Melitrée ne devait-il pas être bien assuré du véritable nom de cette ville ? Je reconnaîtrais donc plutôt Malte (l’ancienne Melita) dans le nom de Melitrée ; Malte, que Roger Ier conquit en 1190 sur les Sarrasins, et qui demeura annexée au royaume de Sicile, jusqu’au moment où les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem en prirent possession.

Mais pour revenir au premier paragraphe, il est maintenant acquis à l’histoire littéraire du moyen-âge (grâce aux recherches et aux investigations judicieuses de M. Champollion), que Paul Diacre, auquel on n’attribuait qu’une seule rédaction de l’histoire romaine, en composa réellement