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pas plus vaines en dernier résultat que les autres illusions de la vie ; et je ne suis pas éloigné de croire qu’en dernier résultat, c’est ce qu’elle aura de plus réel. Le bon M. Lerouge s’étoit fait bibliomane, et s’étoit laissé faire franc-maçon. Avec un peu d’aisance que d’autres études ont acquise, et un peu de ce loisir qu’on doit à l’aisance, il y a dans ces deux amusettes de quoi occuper fort agréablement soixante-sept ans et davantage. Je ne connois point d’idée positive, point de passion naturelle dont on en puisse dire autant. Bibliomane et franc-maçon, M. Lerouge s’étoit donc composé une bibliothèque spéciale de livres manuscrits et imprimés sur la franc-maçonnerie et les sociétés secrettes, dont la vente prochaine intéressera probablement beaucoup les amateurs. Sa double aptitude leur garantit qu’elle approche du complet.

Voilà le point de connexion promis, le trait d’union des deux thèmes que je me suis proposé dans ce chapitre.

Vous rencontrez bien des gens, même parmi les francs-maçons, qui ne comprennent pas l’attrait que la franc-maçonnerie peut avoir pour ses innombrables adeptes. Suivant les uns, il faut le chercher dans l’exercice fréquent de la charité ; suivant d’autres dans son exercice ostensible, jouissance moins délicate, mais peut-être plus générale et plus sympathique à notre société présente. Quelques-uns enfin l’ont vu dans le mystère, qui mêle en effet un plaisir indéfinissable aux divertissemens les plus puérils. Tout cela pourroit y entrer pour quelque chose, mais je suis fort trompé, je l’avoue, si le secret de ses plus puissantes séductions n’est pas dans notre vanité. On y en trouveroit bien d’autres.

Les sociétés secrettes sont toutes assez exactement taillées sur le patron de la société universelle, même quand elles ont pour objet principal de l’amender et de la refaire. Là, ainsi que chez nous, hélas ! on parle beaucoup de liberté, d’égalité, de fraternité, et nulle part la