Page:Nodier - La Napoléone, 1802.djvu/6

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 Il vient cet étranger perfide,
Insolemment s’asseoir au-dessus de nos lois ;
 Lâche héritier du parricide,
Il dispute aux bourreaux la dépouille des rois.
Sycophante vomi des murs d’Alexandrie
 Pour l’opprobre de la patrie
 Et pour le deuil de l’univers,
Nos vaisseaux et nos ports accueillent le transfuge :
De la France abusée il reçoit un refuge ;
 Et la France en reçoit des fers.



 Il est donc vrai ! ta folle audace
Du trône de ton maître ose tenter l’accès !
 Tu règnes : le héros s’efface ;
La liberté se voile et pleure tes succès.
D’un projet trop altier ton âme s’est bercée ;
 Descends de ta pompe insensée ;
 Retourne parmi tes guerriers.
À force de grandeur crois-tu pouvoir t’absoudre ?
Crois-tu mettre ta tête à l’abri de la foudre
 En la cachant sous des lauriers ?



 Quand ton ambitieux délire
Imprimait tant de honte à nos fronts abattus,
 Dans l’ivresse de ton empire,
Rêvais-tu quelquefois le poignard de Brutus ?
Voyais-tu s’élever l’heure de la vengeance,
 Qui vient dissiper ta puissance
 Et les prestiges de ton sort ?
La roche Tarpeïenne est près du Capitole ;
L’abîme est près du trône, et la palme d’Arcole
 S’unit au cyprès de la mort.