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partagée par l’Académie, qui, en 1828, donna à la Femme ou les six amours, le prix fondé par M. de Monthyon pour l’ouvrage le plus utile aux mœeurs. Noble récompense, digne en tout de l’auteur, et qui seule pouvait lui sembler digne d’être vivement désirée.

Après ce triomphe, il serait frivole de rappeler des succès de vogue. Toute entreprise littéraire qui veut réussir, cherche à s’associer Mme Élise Voiart. C’est ainsi que les Cent et un, les Heures du soir, les journaux, les recueils, les revues, se sont montrés et se montrent à l’envi jaloux de posséder son nom. Des travaux si multipliés ne lui font pourtant pas négliger les traductions d’anglais et d’allemand, dont l’une des plus remarquables d’entre les dernières est celle des Chants populaires des Serviens. J’ai déjà fait entendre, au commencement de cet article, que Mme Voiart avait quelque chose de germanique dans l’esprit et dans les sentiments. Cette disposition, qui lui fait trouver un charme tout particulier aux romanciers allemands, donne en même temps à ses traductions le cachet de la vérité, et cette grâce naïve qui les rend pour les Allemands préférables à celles de Mme de Montolieu.

Ma tâche est terminée, et je puis dire que je l’ai remplie avec joie. Unie de conviction avec Mme Voiart, dans la pensée que l’accomplissement du devoir peut seul donner une bonne foi à nos œuvres, j’ai été heureuse de pouvoir dire : Fille, en se pliant aux exigences de sa position, elle a jeté de l’éclat sur une modeste famille ; épouse, elle a fait le bonheur de son mari et rendu sereine une longue carrière ; mère, elle a formé deux filles. L’Europe en connaît une, ses amis apprécient l’autre. Femme, auteur, je n’ai eu que des succès à enregistrer.

Alida de Savignac.