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fruits. À dix-sept ans la jeune fille publia des vers sur des fleurs. Dans l’extrême jeunesse du poëte, tous les sujets sont frais et roses ; puis viennent les poésies de flamme, puis viennent les poésies tristes et noires. Une de ces gracieuses idylles, le Narcisse, parut dans le Mercure. Mme Dufresnoy fut ravie de cet essai, et offrit au jeune poëte ses conseils et son amitié.

Une année s’écoula, la jeune fille devint jeune femme. En 1816 M. Joseph Tastu épousa Me Voïart, et lui donna ce nom que la gloire devait illuminer. Quelque temps avant M. Voiart s’était remarié, et une femme de talent, Mme Élise Voiart, était devenue la belle-mère de Mme Tastu.

Après avoir remporté plusieurs prix aux Jeux-Floraux, et reçu en échange de ses vers de belles fleurs d’un or pur comme les poésies qu’elles couronnaient, après avoir publié un charmant ouvrage intitulé la Chevalerie française, Me Tastu réunit enfin ses gracieuses poésies, que nous savons tous par cœur (cinq éditions, formats in-8° et in-18, Paris, 1826). Ce premier recueil, avec ses vers ravissants, avec ses élégantes traductions, est riche de beautés poétiques ; les couleurs en sont pures, la mélodie toujours douce à l’oreille. On voit que l’auteur évite tout ce qui est étrange ou trop hardi ; dans ses vers, la raison qui pèse et qui calcule marche à côté de l’inspiration. Aussi la poésie de Mme Tastu reste toujours à la même hauteur : elle ne tombe jamais, parce qu’elle regarde où elle va marcher avant de poser ses pieds blancs. Vous ne verrez rien de dérangé dans sa parure, car avant de se mettre en chemin elle arrange avec soin les plis de sa robe et les fleurs de sa guirlande. Elle exhale un charme infini ; sa voix a des sons qui viennent de l’âme ; elle a une beauté noble, un mélange de grâce et de gravité que l’on ne voit peut-être qu’en elle seule ;