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Louvois, et lui remit le Petit Mensonge, tel était le titre de l’ouvrage. Comme elle était fort jeune encore, et que la bienséance ne lui permettait ni de suivre des répétitions, ni de laisser imprimer son nom sur l’affiche, elle pria Picard de vouloir bien se charger des détails de la mise en scène, de faire jouer la pièce sous le nom de M. François, et, par-dessus tout, de lui garder le secret. Picard lui promit tout ce qu’elle demandait, lui tint parole sur tous les points, et le Petit Mensonge eut beaucoup de succès. Deux autres pièces, la Matinée du jour et l’Argent du voyage, furent, bientôt après, jouées sur le même théâtre et avec les mêmes précautions.

Le directeur de l’Ambigu-Comique ayant accepté les mêmes conditions que celui de Louvois, Mme de Saint-Simon, toujours sous le nom de M. François, fit représenter successivement sur cette autre scène, deux comédies, le Rival obligeant (1811), et le Double Stratagème (1812) ; puis trois mélodrames, les Chevaliers da Lion, le Revenant de Bérezu et Léon de Montaldi, dont elle composa aussi la musique.

Vers ce temps Me de Saint-Simon, s’étant remariée à M. de Bawr, officier russe et fils du général célèbre de ce nom, elle cessa entièrement d’écrire et ne songea plus qu’à jouir d’un bonheur intérieur qui lui avait été long-temps refusé. Mais ces jours heureux n’eurent que bien peu de durée, car, quelques années après ce mariage, M. de Bawr, âgé de trente et un ans, périt de la manière la plus funeste : il fut écrasé dans la rue par une voiture chargée de pierres, dont la roue se détacha de l’essieu.

Dans le cours de la même année la fortune que sa veuve tenait de lui, fut enlevée en partie par des banqueroutes et par le mauvais succès d’entreprises industrielles, ce qui obligea de nouveau Mme de Bawr d’avoir recours à sa plume.