Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/61

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il faut l’avouer, n’est pas toujours à la hauteur de l’idée.

Les Français débarquent : on dirait que Scipion épouvante encore l’Afrique,

En se retournant dans sa tombe.

Ces braves sont les restes des armées impériales :

Du colosse de leurs victoires
Voilà les membres immortels !

Les Algériens poussent leur cri de guerre :

Anathème aux chrétiens ! aux Français anathème !
Mahomet les poursuit de son courroux suprême.
Sur notre sol brulant, ou morts ou prisonniers,
Qu’ils restent plus nombreux, tous ces démons des guerres,
Que les grains du maïs, les taches des panthères
Et les feuilles de nos palmiers !

La bataille se donne et les Français sont vainqueurs :

Tout est calme à présent dans le champ du carnage…
La Mort, qui vient s’asseoir dans son affreux domaine,
Regarde en souriant cette ruine humaine
.Et ces décombres palpitants !

Ces vers que l’on ne nous reprochera pas d’avoir été chercher dans un recueil ignoré que Mme Ségalas renie presque aujourd’hui, annonçaient un poëte de l’école de Victor Hugo, et donnaient un démenti au sexe de l’auteur. Mme Ségalas, qui possédait déjà la force de la pensée et quelquefois celle de l’expression, ne s’aveugla pas sur les défauts de son livre ; mais redoublant de zèle et d’émulation, elle rendit sa poésie plus ferme, plus concise, plus égale, plus nourrie de mots et de tournures, plus parfaite enfin ; elle s’exerça dès lors à rompre avec