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tion inaccessible. Les forces tenues en réserve, les forces intimes ne sont pas perdues pour la pensée, pour l’imagination ; souvent les inspirations les plus puissantes ont été dues à ceux qui ne jouissaient pas d’une santé ro- buste. C’est en 1827 que Mlle Robert vint, avec sa mère, demeurer à Paris : elle avait perdu son père depuis peu. Elle ne tarda pas à donner dans différents recueils périodiques des morceaux en vers, et d’autres articles lus avec empressement. Les malheurs des Polonais l’ont ensuite invitée à publier les Ukrainiennes, traduction qui a paru vers le commencement de 1835, en 1 vol, in-8. Ce volume doit être incessamment suivi de deux autres, consistant surtout en tableaux de mœurs, sous le titre Amour et Religion. Ces mots ainsi rapprochés n’ont rien qui surprenne aujourd’hui ; et quant au mérite du livre, il semble attesté par les fragments communiqués particulièrement au Journal des Femmes. Dans sa partie consacrée à la poésie, le même recucil a inséré, de Mlle Robert, le Luxembourg, le Froid, les Tuileries, et la pièce suivante :

UNE FLEUR À PARIS LE 5 JUIN 1832.
Blanche rose des bois, qu’on souffle d’air effeuille, Elle est toute tombée.
ÉLIE MARIAKER.

Un soir, près de Paris, dans un joli village,
Une rose s’ouvrit toute blanche et sauvage.
Elle avait seulement quelque feuillage vert,
El deux boutons, dont l’un se jouait entr’ouvert ;
Tandis que l’autre, encor tout petit et verdåtre,
Pressait étroitement sa corolle d’albâtre.
Le matin elle vit finir au point du jour
Sa jeunesse et la paix du rustique séjour :
Elle fut enlevée à son natal bocage.
Une petite fille, un enfant de village,