Page:Nodier - Smarra ou les démons de la nuit, 1822.djvu/85

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mense qui est peuplée de fantômes, et chacun des fantômes frappe comme elle une colonne qui ouvre des colonnades nouvelles ; et il n’y a pas une colonne qui ne soit témoin du sacrifice d’un enfant nouveau-né arraché aux caresses de sa mère. Pitié ! pitié ! m’écriai-je, pour la mère infortunée qui dispute son enfant à la mort. — Mais cette prière étouffée n’arrivoit à mes lèvres qu’avec la force du souffle d’un agonisant qui dit : adieu ! elle expiroit en sons inarticulés sur ma bouche balbutiante. Elle mouroit comme le cri d’un homme qui se noie, et qui cherche en vain à confier aux eaux muettes