Page:Nodier - Thérèse Aubert, 1896.djvu/83

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dire, car la misère de nos sentiments se mêle à ce qu’ils ont de plus élevé, que je consentais avec peine à être aimé pour un autre, à dérober sous un habit de femme cette tendresse à laquelle il faudrait renoncer un jour, à tromper un cœur qui me donnait tout et auquel je n’offrais qu’un objet idéal, qu’un vain fantôme dont l’apparence allait s’évanouir et lui être ravie par une séparation pire que la mort ; car il est moins cruel de perdre par la mort un être qu’on aime que d’en être désabusé.

J’étais donc décidé à tout dire à Thérèse, et cependant la faiblesse de mon âme m’arrêtait ; je craignais qu’en ces-